Premier acte : s’inscrire au week-end ” eaux vives ”
Déjà le titre fait penser à un poisson de fond qui fait très mal au pied quand on marche dessus. Tout un programme !
La date approche. ” S’il y a de l’eau, on ira … ” On commence à se demander si on a bien fait de s’inscrire. On s’imagine des torrents impétueux et nous si petits à côté.
Puis, c’est le jour J, après une nuit à descendre des rivières infernales, juste pour se préparer psychologiquement. D’abord le Scorff. ” Il y doit y avoir de l’eau, mais pas trop! ” Ouf intérieur. Amoncellement de kayaks sur la remorque.
” Et si on en rajoutait un double ? On ne sait jamais. On ne sait jamais quoi ?
” Hé, on a oublié celui du moniteur !
– Au fait, combien on est ?
– 20 !
– C’est normal qu’il y ait 22 bateaux ?.
– Oui, oui, c’est au cas où ! ” Au cas où quoi ?
Nous voilà partis. Ambiance dans le camion (et les voitures). On parle de kayak. Les plus anciens parlent de leurs aventures passées. Histoire de faire rêver, de mettre la pression plutôt.
Enfin, arrivée au point d’embarquement. Tout le monde se précipite sur le pont et chacun y va de son commentaire :
” Là; il vaut mieux passer à gauche !
– Là, on doit pouvoir s’arrêter derrière le caillou ! ” Ça va pas la tête ?
On s’habille, on s’échauffe, on sent la pression monter,… Et c’est à nous, de monter dans les bateaux. Les uns après les autres. Heureusement, l’embarquement n’est pas trop difficile. Ça met un peu en confiance.
Le départ est un peu mouvementé. Il vaut mieux avancer sans trop réfléchir. Là où il semble y avoir plus d’eau qui coure. Ensuite, c’est un peu plus calme. On peut reprendre ses esprits. Finalement, ce n’est pas si dramatique que ça. Attention le c,… aillou. Trop tard, me voilà dessus. Et en travers en plus ! Je suis coincé. Ouf, on vient m’aider, me voilà rassuré ! Et me voilà reparti !
La rivière s’élargit un peu, se rétrécit, l’eau s’accélère. Finalement, c’est bien agréable, de temps en temps, quelques embruns nous mouillent le visage. Il y des passages un peu plus dynamiques où l’on suit le cours de l’eau (il vaut mieux) et où l’on sent son coeur battre un peu plus fort,… et d’autres moments plus calmes où l’on peut (presque) flâner, on jouit de la beauté du paysage. Mais attention aux cailloux tout de même ! C’est pendant ces moments de rêverie qu’ils nous attrapent !.
Tiens, le moniteur nous demande de débarquer. Que se passe-t-il ?
” On va voir ! ” affirme-t-il.
– Voir quoi ?
– Un passage un peu plus difficile !
– Un rapide !
Reviennent à la mémoire, les jolis petits noms donnés aux rapides entendus dans la voiture. ” Les Roches du diables “, ” L’avaloir “, ” La maxi-vague ” et autres ” Mâchoires de la mort ” “Planche à découper “.
Ça y est ! Le stress qui revient ! Débarquement . On marche un peu le long de la rivière. Effectivement, la rivière se resserre et passe de chaque côté d’un gros caillou. ” Il faut bien passer à droite, là où il y a le plus d’eau, … et pagayer fort ” conseille le moniteur.
Et on redescend, et on embarque. La gorge se serre, mais on y va ! Chacun son tour, quand même ! Les premiers sont passés sans encombre.
Hou là ! Le bateau qui me précède se renverse. Le kayakiste disparaît un moment dans l’eau puis refait surface, l’air mi-surpris, mi-rafraîchi, mi-désorienté. Il rattrape sa pagaie, tire son bateau vers le bord. Tout va bien, finalement. Il aurait pu se faire mal !
C’est mon tour, j’y vais. Que disait le moniteur ? Ah oui, quand on stresse, le mieux c’est encore de pagayer. Et voilà, le rapide passé avec une double sensation de quelqu’un qui vous jette un seau d’eau à la figure et de descendre un escalier d’une marche. En fait, plutôt sympa ce rapide ! Pas si dur que ça à passer !
Certains jouent un moment à narguer le rapide en mettant la pointe avant dans ses recoins, en traversant la veine d’eau (on dit ” faire un bac “), en restant sur la vague (on dit ” surfer “.)
Puis le groupe reprend son chemin vers l’aval de la rivière.
Le paysage est magnifique ! L’eau qui coule, les arbres qui se penchent pour la regarder. Jusqu’au soleil qui s’y reflète et qui ajoute mille petits éclats de diamants. Enfin, avec ce soleil dans les yeux, c’est un coup à ne pas voir les cailloux qui affleurent. Heureusement, les copains sont sympas. Parfois, ce sont eux qui se cognent ou qui se coincent, alors comme ça on voit mieux où il ne faut pas passer.
Et nous voilà arrivés. Déjà ! J’aurais bien continué un peu !
Finalement, c’était bien bon cette rivière !
Débarquement, on se se change ! Pique-nique en commun tous ensemble. Chacun y va de ses impressions. On refait une descente après manger. Super ! Le stress est (à peu près) complètement disparu, et il ne restera sur cette deuxième descente que les plaisirs de l’eau qui coure et des paysages apaisants.
Sur le chemin du retour, dans le camion, les conversations sont moins animées. Certains restent envoutés par les impressions de la journée, encore bercés par la magie des descentes, d’autres sont attirés par les bras de Morphée. Un brin de fatigue, tout de même !
Et le lendemain, on remet ça : Blavet ! Faut croire qu’on aime ! Départ au petit matin (9h quand même, pour un dimanche). Ouf ! La remorque est déjà chargée de la veille. Il y a en quand qui trouvent que ce n’est pas les bons, qui en descendent quelques-uns, qui en remontent, qui les mélangent,..; et nous voilà fin prêts pour de nouvelles aventures. Trajet : direction Inzinzac-Lochrist. Avec un nom comme ça on n’est pas tiré d’affaires ! Dans les véhicules, même topo qu’hier, même ambiance, mais agrémentée de nos exploits à nous, encore tout frais dans nos mémoires ou plutôt encore incrustés juste en dessous de nos courbatures. ” Tu t’rappelles, le caillou, au milieu de la rivière,… “Le métier qui rentre, quoi !
Arrivée sur site. Tout le monde se précipite pour voir la rivière (artificielle, celle-ci, mais rivière tout de même). Il y a un peu d’eau aujourd’hui !
Habillage. Briefing du moniteur. Il prend son bateau, le met dans l’allée, trace le courant avec un bâton dans la boue, le courant, le contre-courant, ça tourne tout seul, … Fastoche quoi !
Là, l’embarquement n’est pas facile. Il y a du courant. Si on lâche le bateau, le bougre il est capable de partir sans nous. Tiens pourquoi pas après tout ? Une fois assis dans le bateau et bien jupé (il ne s’agit de ne pas oublier), on s’aperçoit que le courant est tout autour du bateau et qu’il faut faire quelque-chose. Le mieux est sans doute de pagayer ! Allez c’est parti !
Là, c’est clair, les cailloux ont été mis exprès pour contrarier le kayakiste débutant ! Et aujourd’hui, c’est indéniable, il y a de l’eau, et il n’y aucun doute , on distingue bien l’amont de l’aval. On se retrouve dans un concentré de rapides. Le groupe se sépare en petites unités. Histoire de travailler quelques aspects techniques. Le moniteur sur le bord, nous avait parlé de bac et de reprise de courant. On essaie maintenant de comprendre ce qu’il nous a raconté (cela paraissait pourtant évident sur le bord). On positionne son bateau, on le fait rentrer dans le courant. On pagaye en mettant le bateau avec le bon angle, la bonne gîte, la bonne vitesse,… et oui tout ça en même temps. Alors, forcément on s’y reprend à plusieurs fois.
L’avantage c’est que la rivière est courte. Alors, arrivés en bas, on peut la refaire de nombreuses fois. Et du coup, on se sent de plus en plus à l’aise. On a l’impression de progresser rapidement. On descend et redescend, jusqu’à épuisement des forces. Et là, on se retrouve tout de suite à côté du camion, pour se changer. On mange, on discute. Le beau temps est au rendez-vous ! Beau ciel bleu, rayon de soleil (juste un p’tit brin de pluie au début du pique-nique).
On revient à Quimper, avec dans la tête, un mélange d’impressions diverses, d’images d’eau qui scintille, de rapides qui se cachent derrière des cailloux, de trajectoires dans des courants, de sensations de glisse fugace (mais réelle) et dans le corps une fatigue apaisante.
Vraiment quel beau week-end ! Vivement le prochain !