Samedi matin, à l’heure fixée par de coach de la matinée, à peine retardés par un photographe de passage, 10 kayakistes inscrits à la descente de la Dordogne, accompagnés d’un onzième en participation libre, s’apprêtent à affronter des conditions de navigation que l’on annonce sportives.
Le soleil est de la partie malgré les prévisions qui étaient annoncées très humides, cela permet de s’élancer avec plus d’enthousiasme dans la baie de Kerogan où l’on va pouvoir dès le départ goûter aux effets du vent d’ouest qui oscille entre 21 et 29 km/h avec de temps à autres des rafales plus musclées. La sortie du port du Kornigell est relativement calme et l’effet du vent ne se fait sentir qu’à la hauteur de l’anse de Keraval où le clapot est bien formé. L’anse de Kerdour plus ouverte et mieux orientée donne un boulevard au vent qui commence à lever une vague sur le courant descendant. Il faut atteindre la pointe de Polhoad pour retrouver des eaux à nouveau calmes et apprécier un soleil lumineux qui pourrait tout d’un coup nous faire penser que cette descente de l’Odet est en fait une partie de plaisir. C’est sans compter sur le grain qui nous attend devant l’anse de Toulven et ne nous lâchera pas avant Porzh Meilhoù. L‘averse est drue et mêlée de grêle, la visibilité est minimum. S’il fallait encore nous rappeler qu’on était en mars c’est réussi. L’accalmie d’après giboulée sera de courte durée, à peine passé Porzh Meilhoù nous voilà face au vent qui s’engouffre par la trouée de Rozulien et remonte l’Odet. Il faudra passer la cale pour retrouver une navigation moins chahutée. Celle-ci restera calme jusqu’aux abords de l’anse de Combrit où nous retrouvons le vent qui cette fois-ci se divise en deux à la sortie de l’anse et s’engouffre dans l’Odet en prenant principalement la direction de Bénodet. Nous naviguons donc portés par le vent et le courant jusqu’au pont de Cornouaille où nous avons prévu de faire notre demi-tour.
Nous entamons notre remontée à partir du pont à 11h30 alors que la renverse vient de se faire. Il faut bien coller rive droite pour s’abriter au maximum du vent de face, mais l’épreuve s’annonce à la traversée de l’anse de Combrit face à la pointe de Lanhuron. Si on n’y prend pas garde et ne négocie pas bien son bac bien haut pour traverser l’anse, le flot créé par le vent fait dériver les kayaks rive gauche où le passage de la pointe demande du muscle et de la persévérance. Le reste de la remontée est relativement calme jusqu’au retour en baie de Kerogan qui nous réserve un épisode dont elle a le secret, surtout pour ceux qui ont pris du retard par rapport au groupe de tête. Rien de tel qu’une combinaison entre un gros grain et une grosse rafale de vent au plein milieu de la baie pour rappeler au kayakiste même aguerri qu’on ne joue pas au plus malin avec le vent. Toujours bien orienté à l’ouest et entrant par les anses de Kerdour et Keraval, le passage du milieu de la baie est critique et il vaut mieux essayer de se maintenir au plus près de la rive droite si on ne veut pas se retrouver en position difficile dans la vasière opposée.
C’est là que l’on se rappelle tout d’un coup qu’en bon connaisseur de la baie Lionel avait suggéré l’idée d’un éventuel départ de Porzh Meilhoù pour plus de confort et de sécurité sur l’eau. Cela nous aura donc permis, une fois encore de vérifier la pertinence de l’adage bien connu : « Ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace ».