Détours autour de l’île d’Arz : un aperçu du Golfe du Morbihan en 18 miles… Ce 8 et 9 mai 2010, onze cckqcistes ont caboté en « petite mer », de ports de pêche et plaisance en plages abandonnées, louvoyant entre îles et îlots, balises et parcs à huîtres, sternes et canards, longeant des kilomètres de côtes préservées, ponctuées de quelques manoirs et chapelles. Une invitation à de nouveaux parcours…
La sortie commence avant le départ pour nos encadrants Martin et Guillaume ayant préparé la logistique et pour le groupe ayant, la veille, chargé remorque et fourgon du club.
Ponctuels au rendez-vous du samedi à 8 heures, nous sommes sur l’eau à Arradon à 11 heures, après avoir réparti notre équipement dans et sur les kayaks (l’un se trouvant ainsi outillé en proue d’une seyante marmite de brume).
Pour bénéficier du flux de la marée, nous mettons cap à l’Est, visant l’île Boëdic, puis empruntons le détroit de port Anna, où, nous voyant vaillants, des marins nous rappellent que la vitesse y est limitée à 3 noeuds. Après un déjeuner sous un soleil timide sur l’île de Conleau, nous longeons le chenal vers Vannes, accompagnés d’un banc de « poissons sauteurs ».
Ecartant l’option kayak urbain des quais de Vannes, au demeurant charmants, nous retournons alors sur Boëdic. La pluie annoncée se montre autour dans les terres mais les fées, sans doute sensibles à la beauté des mâles de notre équipée, nous épargnent de leurs larmes.
Après concertation, se rapprocher de notre tanière d’Arz guide nos compas au 180. En route vers la presqu’île de Bilihervé, le réflexe professionnel d’une enseignante signale trois absents ! Mais ce n’est qu’une demie-fausse alerte ( ?!) et le groupe se reforme rapidement. Nous poussons jusqu’entre les îles Ilur et Iluric puis rejoignons le centre des Glénans de l’île d’Arz, qui accueille notre bivouac.
Le bivouac… un ragondin et un lapin de jardin assistent médusés à nos débats pour savoir qui couche… dans quelle tente, nos éclats de rires illuminent la nuit qui vient et un mystérieux ingrédient RH au menu pousse quelques-uns et une chouette à suivre la devise de l’île, arzao hag arzam !
Dimanche matin, coucou et tourterelle saluent les premiers éveillés. Prompts et agiles comme il sied, nous rembarquons et profitons cette fois d’une fin de jusant pour nous diriger à l’Ouest. De la Pointe de Liousé à celle de Brannec, la traversée de la zone d’écopage, avec son clapot irrégulier, fait songer aux moins aguerris que le terme pourrait bien s’appliquer à nos embarcations. Mais c’est sans dommage que nous atteignons le Sud de l’île aux Moines et que, sous un ciel assez dégagé, nous entamons notre remontée le long de cette côte granitique à la végétation méditerranéenne (et préservée par le Conservatoire du Littoral).
Après le déjeuner sur une plage au Sud de celle de Gored, notre retour nous conduit au passage de Port Blanc. Nous y constatons la soudaineté et la force des courants bien que le coefficient ne soit qu’un petit 41. Puis nous contournons Irus par le Nord pour rejoindre la cale d’Arradon.
Le trajet de retour vers Quimper se fait dans un grand silence méditatif…
Pour votre compréhension (sources wikipédia diversement recoupées…)
- Le nom breton de la commune d’Arz est Enez Arh, qui signifie « l’île de l’ours ». Sa devise Arzao Hag Arzam se traduit par « debout et tenons ».
- Les légendes de la création du golfe parlent de trois fées de Brocéliande qui auraient contrevenu aux règles de leur monde en se présentant à de beaux jeunes hommes, attirées par le jeu de la séduction et les plaisirs de l’amour. La légende ne précise rien de ce qu’il en est advenu et c’est bien dommage. Ce que l’on sait, c’est qu’elles furent chassées et bien tristes. Jetant leurs couronnes de fleurs, elles créèrent ainsi Groix, Houat et Houedic, Arz et l’île aux Moines, et par les pétales qui s’en détachèrent la myriade d’autres îles. Ne cessant de pleurer leur sort, leurs larmes emplirent le golfe d’une eau salée.
- La légende bretonne prétend qu’il y a autant d’îles que de jours dans l’année. Et comme dans les calendriers celtique ou grégorien, les années n’ont pas le même nombre de jours, c’est là une grande sagesse populaire ! Car même l’ère moderne n’a semble-t-il pas résolu la question (dès les premières pages de mon moteur de recherche en tout cas – sic): de 30 à 40 îles selon les décomptes et aucun chiffre pour les îlots !
- D’aucuns prétendent enfin que « l’origine du Golfe remonte à l’ère quaternaire, à la suite des cycles de glaciation, quand les rivières creusèrent un estuaire excessivement profond pour rejoindre l’océan qui s’était retiré plus loin. Lors du dégel, le golfe était constitué de marais dont le fond s’affaissa et l’océan finit par envahir le bassin. Ce phénomène n’est pas unique au golfe du Morbihan mais sa forme particulière est due à la présence d’un cordon littoral composé de roches plus résistantes. »
Texte : Loïc Bertho, avec les compléments ornithologiques de Nadia Dutin
Photos : Sophie Le Seac’h
11 mai 2010